Deux visions du rôle du gouvernement

Il existe deux visions sur le rôle du gouvernement dans l’entrepreneuriat. D’un côté, certains disent que pour encourager l’entrepreneuriat, il faut que le gouvernement évite de trop taxer les entreprises et de leur imposer trop de règles ou trop de paperasse à remplir, par exemple.

De l’autre, certains font valoir que le gouvernement a aussi un rôle important à jouer dans l’économie et dans l’entrepreneuriat. Il doit par exemple mettre en place des règles pour éviter que les entreprises polluent trop ou pour qu’elles s’assurent de respecter la sécurité des travailleurs. Le gouvernement doit aussi s’assurer de récolter des taxes et impôts auprès des entreprises, afin de pouvoir aider d’autres entreprises à démarrer, ou de façon plus générale utiliser cet argent pour financer les services publics comme les écoles ou les hôpitaux. Enfin, le gouvernement peut aussi aider au démarrage d’entreprises en offrant de l’aide financière.

Les taxes et impôts limitent vos choix

Le rôle des taxes et des impôts est un exemple où ces deux visions coexistent. D’un côté, les uns font valoir que les taxes financent les services publics et que les entreprises, comme les individus, doivent y contribuer. Les taxes et impôts sont utiles puisqu’elles financent par exemple les routes, les aqueducs et les retraites de nos aînés, entre autres.

En effet, les services publics ont un coût. Lorsqu’on va à l’hôpital ou à l’école, on ne paye pas de billet d’entrée, mais cela ne veut pas dire que cela ne coûte rien. Au contraire, ces services – notamment la santé – entraînent des dépenses de plusieurs dizaines de milliards pour l’État québécois chaque année. Ils doivent donc être financés, et l’impôt sur le profit des entreprises est une des façons d’en payer le coût.

L’impôt possède aussi un avantage, selon cette même vision : celui de redistribuer la richesse des plus riches aux plus pauvres. Les entreprises ne sont pas seules à contribuer à cet objectif louable, mais ceux qui défendent des impôts élevés sont généralement d’avis que les entreprises devraient contribuer de façon importante à cet objectif.

À l’opposé, certains font valoir que les taxes et impôts influencent grandement l’entrepreneuriat et peuvent décourager des entrepreneurs de se lancer en affaires. Et si moins d’entreprises font des affaires et profits, le gouvernement récoltera moins d’argent pour financer les services publics. « Trop d’impôt tue l’impôt », disait l’économiste américain Arthur Laffer.

En effet, ceux qui insistent plutôt sur les inconvénients des impôts soulignent que les taxes font augmenter les coûts associés à différents projets. Les entrepreneurs doivent donc tenir compte de ces coûts supplémentaires, liés à la fiscalité, avant de se lancer en affaires. Si un projet devient trop coûteux à cause des taxes et impôts, il sera abandonné. Après tout, personne ne veut perdre de l’argent.

Lorsque vous achetez une paire de souliers ou un vélo, les taxes font augmenter la facture totale. Cela peut affecter votre décision d’achat : vous pourrez décider de vous rabattre sur un modèle moins coûteux si les taxes vous faisaient dépasser votre budget. De la même façon, les entrepreneurs doivent parfois abandonner des projets parce qu’ils ne sont pas rentables, c’est-à-dire que les coûts sont plus importants que les bénéfices. Or, les taxes et impôts sont l’un de ces coûts. Quand cela se produit, c’est non seulement un projet ou une entreprise de moins dans notre économie, mais aussi moins de services à la communauté et des emplois en moins pour les citoyens.

Une équation plus complexe

Bien que les entrepreneurs se lancent en affaires pour une multitude de raisons, comme offrir un service à la communauté, ou encore offrir une alternative écologique au consommateur, ils doivent engendrer un profit s’ils veulent que leur entreprise survive et poursuive ses activités. L’entrepreneur doit donc tenir compte des taxes et impôts dans son projet.

  • REVENUS
  • COÛTS
  • REMBOURSEMENT DE L’INVESTISSEMENT
  • TAXES
  • = PROFITS OU PERTES

La réglementation : nécessaire, mais parfois coûteuse

Il ne fait aucun doute que la situation des travailleurs se trouve améliorée grâce à l’existence de la réglementation du travail, ou que l’environnement est mieux protégé grâce aux règles qui interdisent certaines formes de pollution; peu de gens aimeraient retourner à l’époque où les droits de chacun n’étaient pas garantis et où les employés ne pouvaient pas compter sur des règles claires encadrant ce que l’employeur peut exiger d’eux, et où les normes environnementales ne protégeaient pas la qualité de l’air.

Pourtant, d’un point de vue strictement comptable, les règlements du gouvernement font aussi parfois augmenter les coûts des entreprises. C’est une conséquence malheureuse de règlements qui sont, dans bien des cas, essentiels. Pour être un bon entrepreneur, il vous faudra tenir compte de ces règles et, dans certains cas, ajuster vos plans en conséquence.

Certains disent que la réglementation, bien que nécessaire, est exagérée dans bien des cas. La certification des métiers est un exemple. Certaines tâches ne peuvent être accomplies que par des employés détenant une certification spécifique, équivalente à une sorte de permis de travailler : cartes de compétence, diplôme, appartenance à un ordre professionnel, etc. Au Canada, il y a 127 emplois qui sont ainsi réglementés, et ce par 400 agences officielles situées dans les différentes provinces.

Ceux qui sont favorables à une telle réglementation soutiennent qu’elle permet de vous assurer, en tant qu’entrepreneur, que lorsque vous embauchez un travailleur ainsi certifié, celui-ci est un professionnel qui a la formation nécessaire pour bien accomplir son travail. Cela garantit aussi au travailleur certifié un meilleur salaire, car il fait partie d’un nombre limité de gens qui ont le droit d’exercer ce type de métier.

Mais de l’autre côté, le nombre de personnes que vous pouvez embaucher pour ces emplois devient restreint par la réglementation, disent ceux qui sont contre. Par exemple, si vous voulez repeinturer vos locaux, vous ne pourrez pas engager n’importe qui, et dans certains cas vous n’aurez pas le droit de faire les travaux vous-mêmes. Pour peindre les murs de votre boutique par exemple, vous devrez faire affaire avec un peintre reconnu par la Commission de la construction du Québec. Puisque le nombre de personnes qui peuvent occuper ces emplois est devenu plus limité en raison de cette réglementation, cela devient plus difficile et plus coûteux d’embaucher ces travailleurs, car ils sont en demande. Leurs services coûtent donc plus cher à cause de la réglementation.

La réglementation visant la protection de l’environnement peut aussi affecter votre entreprise. En fait, même si vous êtes un entrepreneur à la tête d’une entreprise foncièrement écologique, certains de vos coûts peuvent augmenter à cause de la réglementation. Bien sûr, protéger l’environnement est une cause louable et même une responsabilité pour chacun de nous. Mais il faut être conscient qu’elle se traduit dans certains cas par des coûts plus élevés pour se lancer en affaires, donc par moins d’entrepreneuriat.

Plus ou moins d’entrepreneurs?

Encore ici, on voit que deux visions s’opposent. Certains soulignent, avec justesse, que les entrepreneurs sont des gens qui apportent des solutions à des problèmes économiques, et qu’ils répondent à une demande des citoyens et des consommateurs qui n’est pas – ou mal – comblée. Selon cette vision, bien que l’État joue un rôle crucial pour mettre en place les lois et les règles nécessaires pour que les entrepreneurs prospèrent, c’est par le travail des entrepreneurs que les innovations arrivent jusqu’aux consommateurs. Les entrepreneurs jouent donc un rôle central dans à peu près tous les aspects de l’économie et, idéalement, on en voudrait toujours plus. Pour cela, il faudrait limiter le fardeau réglementaire.

D’autres répondent que les bienfaits de l’entrepreneuriat n’existeraient tout simplement pas si l’État ne réglementait pas les entreprises et le marché de façon suffisante. L’État a le devoir de protéger les consommateurs, les travailleurs et l’environnement face à des entreprises qui seraient prêtes à tout pour faire un profit, et la réglementation sert à cette fin. La réglementation discipline les entreprises, et le coût qu’elle engendre est le prix à payer pour avoir une économie et une société plus juste et plus équitable.